Quelle sera la ressource en eau en France en 2100 ?
Publié le 17.07.2024
Cumul de précipitations, débits des cours, crues… À quoi pourrait ressembler la ressource en eau française à la fin du XXIe siècle ? C’est pour répondre à cette question que l’Inrae et l’Office international de l’eau (OiEau) ont porté le projet Explore2. Eric Sauquet, directeur de recherche en hydrologie à l’Inrae, en a présenté les enseignements à la presse le 27 juin 2024.
Des saisons « beaucoup plus contrastées »
« On note une tendance à l’augmentation de la pluviométrie en hiver, et une diminution en été », explique Eric Sauquet, qui évoque « des saisons beaucoup plus contrastées qu’aujourd’hui ». Ces éléments correspondent à une projection dans un scénario de fortes émissions de gaz à effet, pour lequel le réchauffement moyen en France serait de l’ordre de + 4 °C par rapport à la moyenne 1976-2005 (1).
En période estivale, les précipitations sont attendues en baisse d’environ -25 % en France. La diminution est plus marquée sur le sud-ouest et le sud-est. Et de manière générale, « l’évapotranspiration potentielle va augmenter, avec une estimation à la fin de XXIe siècle à + 25 % ». Ces deux facteurs cumulés conduisent à une diminution du débit des cours d’eau en été, de l’ordre de -30 %. « Les baisses les plus sensibles concernent le sud-ouest (-50 %), les Alpes (-50 %) et le secteur méditerranéen (-40 %) », précisent l’Inrae et l’OiEau.
Zones d’impacts importants (hot spots) en 2100 dans le cas d’un réchauffement à +4°C en France. L’absence d’indication sur les autres régions ne signifie pas l’absence de changement. Les secteurs en pointillés sont les zones particulièrement sensibles au changement climatique. (© Explore2)
Hausse des fréquences de sécheresse dites « décennales »
Les experts pressentent également un doublement des surfaces touchées par des sécheresses aujourd’hui qualifiées de « décennales » (20 % contre 10 % actuellement). Dans tout le tiers sud de la France, la fréquence de tels évènements pourrait augmenter « très fortement », d’un facteur de x3 à x5 jugent les organismes.
Si l’on projette le modèle d’utilisation de l’eau actuel dans ce futur hydrologique, « on sera amené à avoir des périodes de restrictions plus importantes et des conditions pour le milieu qui seront beaucoup plus contraignantes », commente Eric Sauquet.
+ 20 % de précipitations en hiver
En hiver, « la hausse projetée des précipitations moyennes hivernales en France se situe autour de + 20 % (entre + 10 % et + 45 %), chiffrent les auteurs. Elle est plus importante dans le nord et faible, voire incertaine, dans le sud. » Concernant le risque de crues, « nous avons énormément d’incertitudes, qui héritent d’un certain nombre de processus qui peuvent se compenser », explique l’expert.
Eric Sauquet, précise qu’il s’agit bien d’un travail prospectif, et non prédictif. L’objectif est malgré tout de pouvoir aider les acteurs de l’eau à anticiper les risques émergents. 40 chercheurs de différents organismes (MétéoFrance, BRGM,…) ont été mobilisés pendant 3 ans. De précédents travaux (projet Explore 2070) avaient porté sur la même thématique, mais sur un horizon plus proche, et une résolution territoriale plus faible.
Il y a une forte incertitude sur l’évolution des cumuls de précipitation annuels, tout comme sur l’évolution des débits annuels.
(1) D’autres scénarios ont également été étudiés.
Site LaFranceAgricole – Actualités 28/06/2024