
Les Français réclament plus de contrôles de la police de l’environnement


Publié le 10.07.2025
Très favorables à la police de l’environnement, les Français réclament davantage de contrôles, mais les agriculteurs ne sont pas la cible prioritaire. C’est l’enseignement d’un sondage réalisé par Harris interactive et commandé par l’Office français de la biodiversité (OFB). Les résultats ont été dévoilés le 20 juin 2025 lors d’un colloque organisé au Sénat.
Cet évènement faisait partie des 10 mesures présentées en avril 2025 par le gouvernement pour apaiser les tensions entre le monde agricole et l’Office français de la biodiversité après les critiques exprimées lors des mobilisations agricoles l’année dernière. Des griefs qui restent encore présents. Dans un communiqué, la Coordination rurale invitait encore le 17 juin dernier le Premier ministre à supprimer l’OFB.
Les agriculteurs ne sont pas la cible prioritaire
Si l’OFB compte dans ses rangs près de 1 700 inspecteurs de l’environnement, d’autres services de l’État engagent également des agents sur des missions de police de l’environnement. C’est le cas des DDT (M), des Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement), des parcs nationaux, des réserves naturelles, du Conservatoire du littoral, de la gendarmerie et de la police nationale. Des agents que 93 % des Français veulent voir davantage sur le terrain. Ils sont autant à considérer que la police de l’environnement est une « bonne chose ».
Une police qui devrait donner lieu à plus de contrôles pour près de 8 Français sur 10. S’ils sont 52 % à considérer que les agriculteurs devraient être plus contrôlés, ces derniers ne sont pas la cible prioritaire. Les Français sont plus nombreux à réclamer davantage de contrôles des industries, chasseurs, entreprises de services ainsi que des usagers de la nature à titre d’une activité de loisir (randonnée, vélo ou sports nautiques).
« Une année difficile » pour les agents
Face à ces résultats qui confortent l’essence même de la police de l’environnement, Olivier Thibault, directeur de l’OFB n’a pas caché sa satisfaction. « Je dois dire que j’étais un peu perturbé au départ de voir à quel point c’était positif », a-t-il avoué en comparaison de ce qu’il déclare entendre tous les jours dans ses fonctions.
L’OFB, en tant que « symbole de ce qu’est la police de l’environnement », a vécu une « année challengée » et « difficile », avec des agents « accusés de plein de choses », a-t-il ajouté. La police de l’environnement doit faire face à l’idée selon lui qu’elle est la « goutte d’eau qui fait déborder le vase et que l’environnement, ça commence à bien faire ».
Des défis restent à relever a-t-il ensuite admis, en premier lieu celui de mieux démontrer « la légitimité de notre action ». Le droit de l’environnement est un « droit en devenir » moins important que le « vrai droit », perçoit-il. Une situation « hyper dure » pour les agents qui « appliquent le droit tel qu’il est écrit par le législateur ». « Ils voient que les règles ne sont pas forcément bien appliquées partout, que l’environnement s’érode, que la biodiversité s’effondre, et que c’est sur eux qu’on tape. »
« Qu’est-ce que nous avons raté ? »
Posant la question de savoir ce qui avait « été raté » collectivement pour arriver à cette situation, Olivier Thibault a évoqué quelques éléments de réponses. Pour lui, l’OFB n’a « pas assez réussi à parler des enjeux » appelant à lutter contre l’idée que la police de l’environnement « fait passer les petites bêtes et les petites fleurs avant l’Homme ».
Le directeur général de l’OFB a insisté sur l’objectif de la police de l’environnement, et plus largement de la protection de l’environnement, qui est d’assurer les besoins essentiels pour l’Homme. Au rang desquels il a cité l’eau potable, la nourriture, l’air et le cadre de vie.
Olivier Thibault a également reproché au droit de l’environnement d’être « touffu, complexe, illisible ». Il estime qu’en France, « on est très fort pour faire des super usines à gaz où à la fin plus personne sait s’il a le droit ou pas ». Il a appelé le législateur à « rappeler l’esprit de la loi et de faire de l’adaptation locale ».
Il a estimé qu’il ne faut pas « plus de droit » mais plutôt une amélioration de sa « mise en œuvre » et sa « vulgarisation ». Il a notamment donné l’exemple des cartes des cours d’eau et des zones humides qui devraient être uniformisées et facilement accessibles.
Davantage de pédagogie réclamée
Seul représentant de la profession agricole intervenant au colloque organisé au Palais du Luxembourg, Jean-Alain Divanac’h, président de la chambre d’agriculture du Finistère et vice-président de la commission environnement de la FNSEA, a insisté sur le besoin de « pédagogie » et de « bienveillance dans le contrôle ».
L’agriculteur a estimé que les agents de l’OFB, bien que dotés de « beaucoup de connaissances », n’arrivent pas toujours à les transmettre de par leur rôle de contrôleur. Il a défendu l’idée que pour une première infraction la pédagogie doit l’emporter sur la sanction mis à part pour les cas de récidive et les comportements « clairement délictueux » ou les « actes de négligence grave ». Il souhaite que les agriculteurs puissent mieux comprendre pourquoi ce qui est leur est reproché est néfaste pour l’environnement.
Sur les relations avec l’OFB, Jean-Alain Divanac’h a admis que des « moments de dialogue » avaient eu lieu. L’objectif étant « de sortir par le haut et d’avoir une administration au service des administrés ».
« Un réel apaisement » aujourd’hui
Sur le terrain, Olivier Thibault constate aujourd’hui un « réel apaisement » des relations avec les agriculteurs depuis la fin des élections des chambres d’agriculture et de la présentation des 10 mesures par le gouvernement. Il a noté cependant que des « poches de tension réapparaissent à chaque jugement d’anciennes affaires ».
Parmi ces 10 mesures, figurait le port d’arme discret des agents de l’OFB qui est en cours de déploiement. Concernant le port de caméra piéton, celui-ci doit être autorisé préalablement par la loi. Une réponse législative qui doit venir de la loi Duplomb dont la commission mixte paritaire est fixée au 30 juin 2025.
L’OFB a également indiqué que le guichet en ligne permettant aux contrôlés de porter à connaissance des contrôles problématiques et la mise en place d’une inspection générale au niveau national au sein de l’OFB pour enquêter sur ces situations, seront déployés en septembre prochain.
Site LaFranceAgricole - Actualités 24/06/2025