Quels sont les impacts du bio sur le climat, les sols et la biodiversité ?
Publié le 17.07.2024
Quels sont les externalités positives associées à l’agriculture biologique ? Dans une analyse rendue publique le 10 juin 2024, l’Institut de l’agriculture et de l’alimentation biologique (Itab) actualise sa synthèse des connaissances scientifiques sur le sujet, avec l’appui de chercheurs de l’Inrae, de l’Inserm et de l’Isara (1). Elle a été commandée par le ministère de la Transition écologique, et met à jour un travail publié en 2016.
Il est à noter que la bio est ici comparée à l’agriculture conventionnelle au sens large, sans distinction pour des systèmes en techniques culturales simplifiées (TCS), semis direct (SD) ou en agriculture de conservation des sols (ACS).
Forte disparité entre les productions
Côté climat, les émissions de gaz à effet de serre sont plus faibles par unité de surface en bio qu’en conventionnel. Selon l’Itab, le différentiel est de l’ordre de 40 à 60 % pour les grandes cultures, et de 10 à 20 % pour l’élevage de ruminants.
Si l’on s’intéresse à l’unité produite (lire encadré), « toutes productions confondues, les conclusions récentes vont dans les sens d’une efficacité équivalente entre bio et conventionnel, avec des fortes disparités selon les productions, assure Bastien Dallaporta, chargé de projet à l’Itab. En productions végétales, on a plutôt le constat d’une meilleure efficacité des produits bio par kilo produit. En élevage de monogastriques, le constat est plutôt inverse ». Il estime que « l’agriculture biologique n’a pas été conçue pour répondre à l’enjeu climatique ».
Concernant le stockage de carbone dans les sols, la tendance « reste à conforter » mais le « constat se renforce sur le fait qu’il y a une amélioration du stockage de carbone dans les sols conduits en bio. »
Des sols plus riches en matière organique
Contribution à la régulation du climat, fonction de dépollution, … Les pratiques biologiques sont « largement favorables aux services environnementaux des sols », certifie l’Itab. Eva Lacarce, chargée de projet à l’institut, note une plus haute teneur en matière organique des sols conduits en bio. Cela résulte « de pratiques qui favorisent l’apport de fertilisants organiques, la restitution des résidus de récolte, de rotations plus longues avec des prairies, des couverts intermédiaires et des légumineuses », explique-t-elle.
Il y a globalement « un faisceau d’impacts positifs favorables à la biodiversité du sol », indique également Eva Lacarce. Et de manière générale, « les effets de l’agriculture biologique sont bénéfiques à la diversité des espèces (+ 20 %) et au nombre d’individus (+ 30 %) présents dans les parcelles », chiffre l’Itab.
L’Itab a également réalisé ce travail de mise à jour sur le volet de la santé.
(1) Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, Institut national de la santé et de la recherche médicale, et école d’ingénieurs en agronomie, agroalimentaire et environnement
Des débats « réactivés » par l’affichage environnemental
Entre 2016 et 2022, date à laquelle ce travail a été lancé, « on a eu une réactivation des débats autour de l’évaluation comparée du bio versus le conventionnel, dans le contexte de l’expérimentation nationale sur l’affichage environnemental », explique Natacha Sauterau, qui a coordonné le projet. Si de nombreux indicateurs sont favorables à l’agriculture biologique lorsque la performance est évaluée par unité de surface, le constat est plus incertain, voire défavorable, si on s’intéresse à l’unité produite. Les systèmes bio sont en effet moins productifs.
Site LaFranceAgricole – Actualités 26/06/2024