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Les insectes à l’assaut du marché de l’alimentation animale

La production européenne d’insectes devrait atteindre 870 000 tonnes en 2030, alors que la filière se lance progressivement dans la production industrielle, et espère profiter de la hausse de la demande mondiale en protéines.

La filière française des insectes est à un tournant de son histoire, annonce une étude de marché du Groupe Xerfi publiée le 24 juin 2024, qui s’intéresse aux perspectives des protéines d’insectes dans l’alimentation animale et humaine. « Si la plupart des start-ups du secteur sont encore dans une phase pilote ou pré-industrielle, les deux prétendants au titre de leader mondial — les Français Ynsect et Innovafeed — viennent de lancer leur production à grande échelle. De quoi faire décoller la production et passer le cap de l’industrialisation », souligne l’étude. À l'horizon de 2030, les experts anticipent une production de 870 000 tonnes en Europe pour un chiffre d’affaires de 3,2 milliards d’euros, contre 20 tonnes de protéines d’insectes produites en 2023 (hors déjections d’insectes et alimentation humaine).

Perspectives prometteuses pour l’aquaculture et le petfood

L’étude révèle que les perspectives de production des protéines d’insectes destinées à l’aquaculture et au petfood sont estimées prometteuses. En effet, « la demande en protéines devrait exploser dans les années à venir, entre la hausse de la population mondiale et la transition protéique dans les pays émergents ». Une menace pour la soutenabilité du système alimentaire. En revanche, pour l’alimentation humaine, « les perspectives restent modestes en raison des réticences des consommateurs vis-à-vis de l’entomophagie ». Aujourd’hui, les farines produites sont utilisées pour les poissons d’élevage et les animaux domestiques, tandis que les huiles sont utilisées comme compléments alimentaires pour les volailles et les porcins. Les déjections d’insectes servent, quant à elles, d’engrais pour l’agriculture.

L’industrialisation peut s’avérer complexe et gourmande en capitaux T

outefois, la filière des insectes doit composer avec certains freins, à commencer par son manque de compétitivité sur le prix, « faute de volume suffisant ». À titre de comparaison, le soja est environ trois fois moins cher que les farines d’insectes, détaillent les experts. En France, les experts recensent une vingtaine de start-ups, dont la plupart privilégient un modèle décentralisé, dans lequel les phases d’élevages sont sous-traitées à des fermes partenaires. Un modèle qui permet de « diluer les risques et réduire la complexité des projets », alors que l’industrialisation des procédés à grande échelle s’avère difficile. À l’inverse, les français Ynsect et Innovafeed ont choisi un modèle intégré, qui intègre « toute la chaîne de valeur dans des fermes géantes automatisées ». Ce modèle nécessite en revanche d’importants capitaux. Ainsi, Ynsect et Innovafeed, les deux leaders mondiaux, ont respectivement levé 480 millions d’euros et 450 millions d’euros depuis leur création. Selon l’étude, le contexte économique se durcit, les investisseurs ayant davantage d’exigences de rentabilité désormais. « Un écrémage du secteur semble inévitable dans les mois à venir », souligne-t-elle.

Site LaFranceAgricole - Actualités 04/09/2024 PR

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