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La ministre de l’Agriculture valide le nouveau calcul du Nutri-Score

Coincés entre la filière agroalimentaire et les partisans de la santé publique, les ministres se divisent sur le nouveau calcul du Nutri-Score. Tandis que la Santé appelle à une application "rapide", l'Agriculture assumait faire barrage avant de le signer.

Il était prêt, bien au chaud dans le tiroir du bureau de la ministre de l’Agriculture, sans sortir. L’arrêté mettant en place le nouveau Nutri-Score avait été officiellement signé par le ministère de la Santé mercredi 12 mars 2025. Il ne restait plus que le paraphe d’Annie Genevard et du ministère de l’Économie pour que la nouvelle version de cet étiquetage nutritionnel, encore optionnel, soit mise en rayon.

Après une semaine d’atermoiements, la ministre de l’Agriculture a finalement apposé sa signature, ce vendredi 14 mars 2024, sur l’arrêté qui institue l’obligation légale d’utiliser le nouveau barème du Nutri-Score. « J’ai signé l’arrêté du Nutri-Score. Pour autant, je tiens à rappeler que le Nutri-Score a des limites qu’il est crucial de corriger », a-t-elle précisé après la signature.

Le 5 mars 2025 au Sénat lors de la séance des questions au gouvernement, Annie Genevard avait assumé faire barrage au texte, dans les tiroirs depuis un an : « L’arrêté est à ma signature. Je ne sais pas quelles sont mes marges de manœuvre pour en corriger les effets négatifs, mais croyez bien que je m’y intéresse de très près. »

Calcul plus restrictif

Le nouveau mode de calcul du Nutri-Score, qui note les aliments de A à E selon un code couleur, devient plus restrictif. Se basant sur les habitudes de consommation et la teneur en sucre, en gras et en sel des aliments, il modifie les notes de certaines denrées comme les produits laitiers et la charcuterie. Une situation, pour la ministre, qui pose « un certain nombre de problèmes à des filières qui sont d’une très grande qualité ». Or, avec la révision de l’algorithme en 2023, « les choses se sont aggravées », soutient la ministre. Elle déplore par exemple le déclassement du lait d’aliment à boisson, le faisant passer de la lettre A à la lettre B.

« Pour le roquefort chez vous comme pour le comté chez moi, et pour toutes les magnifiques salaisons françaises, le classement de produits remarquables était très mauvais », répondait la ministre au sénateur de l’Aveyron Jean-Claude Anglars. Si les fromages locaux et produits régionaux sont portés en étendard dans la lutte contre le nouveau Nutri-Score, l’association Foodwatch a dénoncé le 7 mars dans un communiqué le « lobbying » des industries agroalimentaires telles que « Lactalis, Savencia, Sodiaal et Danone » qui, sous couvert de défendre les produits régionaux, protègent d’abord « leurs intérêts privés ».

« Consommer avec modération »

Pourtant moteur dans l’adoption du Nutri-Score, Danone avait effectivement décidé de faire machine arrière à l’automne dernier en effaçant l’étiquetage de ses emballages de produits laitiers et d’origine végétale. Le nouveau mode de calcul défavorisait par exemple ses yaourts à boire, car souvent consommés en dehors des repas par les enfants et adolescents. « Le Nutri-Score ne vise pas à proscrire tel ou tel aliment mais simplement à indiquer qu’il est à consommer avec modération », précise Foodwatch, qui estimait que la ministre se fasse « le porte-voix des lobbys ».

Le ministère de la Santé a, quant à lui, soutenu que « les deux ministres s’engagent très clairement en faveur d’une application très rapide de l’arrêté ». Entre ses collègues de la Santé et les industriels laitiers, Annie Genevard a trouvé son équilibre : « La santé de nos concitoyens est une priorité. L’éducation à l’alimentation et la lutte contre l’obésité, par une meilleure sensibilisation à la qualité nutritionnelle, sont essentielles. Avec mes collègues ministres, nous allons travailler à une approche qui allie encore mieux santé et préservation de nos richesses alimentaires. » Le feuilleton n’est pas encore terminé.

Site LaFranceAgricole - Actualités 14/03/2025

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