


Que font les distributeurs pour la transition agroécologique ?
Publié le 17.04.2025
Pour une fois, ce sont les bonnes pratiques qui sont mises à l’honneur. Le collectif « Pour un réveil écologique » a publié le 19 mars 2025, une note recensant des initiatives des distributeurs « dans l’objectif d’identifier des bonnes pratiques à adopter par l’ensemble des enseignes de grande distribution pour la transition écologique du secteur », étaye Lucie Jean-Marius, coautrice de la note sur un post LinkedIn.
Au total, 13 enseignes de la grande distribution française (1) ont été passées au crible du collectif écologiste. Cinq approches sont retenues pour réduire l’empreinte carbone, la perte de la biodiversité et les pollutions associées à la grande distribution. Avec en particulier une attention au fait de « promouvoir l’évolution des pratiques agricoles », mais aussi lutter contre le gaspillage alimentaire, faire preuve de transparence, intégrer la durabilité dans la stratégie de l’entreprise, et influencer les achats des consommateurs.
Promouvoir les produits biologiques
Parmi les dix recommandations, le collectif encourage l’accompagnement des agriculteurs sur le long terme « pour la diversification des cultures par la création de débouchés et pour la conversion en bio ». Alors que la filière bio peine à se relever de la crise, soutenir l’agriculture en transition passerait via des promotions ou des programmes de fidélité pour favoriser la vente de produits biologiques et des alternatives végétales. Les rayons spécifiques ne semblent « pas toujours mis en avant dans les magasins », observent les autrices de la note.
« Ces premiers leviers font partie des moins actionnés par les distributeurs », déplore le collectif qui salue toutefois l’initiative du programme de fidélité en faveur de la bio présente chez Carrefour, seul distributeur qui se fixe l’objectif d’emmener l’ensemble de ses filières dans une démarche agroécologique d’ici à 2025.
Approvisionnement français
Pour le collectif, soutenir la transition agroécologique passe par un approvisionnement plus responsable. Il se déploie par « le choix du mode de production, de l’origine française ou locale, ou la gestion des matières premières à risque (huile de palme, cacao, café, soja, produits de la mer) ». « Coopérative U lance une filière du soja locale », observe les autrices, quand « Lidl ne vend que du bœuf et du porc français et Biocoop a étendu ce critère à l’ensemble de ses viandes ».
Encourager la réduction des pesticides
Le collectif propose d’adopter des trajectoires de décarbonation et de réduction de l’utilisation des pesticides par filière grâce aux distributeurs. Actuellement, « Auchan et Les Mousquetaires proposent une liste de substances à réduire ou éliminer » et « seul Lidl maintient un objectif de réduction de 50 % de l’utilisation des produits phytosanitaires d’ici à 2030 pour ses filières des fruits et légumes. » Tandis que « les autres distributeurs ont fait le choix de ne pas fixer d’objectif directement sur les pesticides, et de traiter la question au cas par cas », notent les autrices.
Contractualisation pluriannuelle
La contractualisation sur plusieurs années — encouragée par les lois Egalim — apparaît comme un moyen de sécuriser les filières françaises. Le collectif salue l’action de Lidl en la matière, qui « a mis en place des contrats tripartites avec certains éleveurs et transformateurs afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre des filières associées et d’assurer une rémunération plus juste. »
Transparence sur les marges
Alors que la grande distribution est souvent pointée du doigt pour l’opacité des taux de marges qu’elle applique aux produits alimentaires, en particulier biologiques, le collectif appelle lui aussi à « faire preuve de transparence » en « publiant des comptes de résultat par filière et types de produits ». Un rééquilibrage des taux de marge en faveur des produits durables (souvent associés à des produits “de qualité”) serait pourtant l’action la plus efficace pour promouvoir une alimentation durable, soutient le collectif.
« Carrefour et Monoprix publient par exemple leurs chiffres de vente de produits bio dans leurs résultats annuels mais manquent de transparence sur les marges réalisées. Biocoop mise sur la transparence des prix en communiquant chaque mois sur la décomposition du prix d’un produit Biocoop entre les parts allouées aux producteur, transporteur, transformateur et distributeur ». Ce dispositif pourrait être généralisé, propose le collectif.
La transparence sur les marges des distributeurs pourrait bien devenir un impératif : une proposition de loi est actuellement à l’étude au Parlement pour les obliger à communiquer leurs marges auprès du gouvernement et de l’Observatoire des prix et des marges. Réponse le 10 avril.
(1) Aldi, Auchan, Carrefour, E. Leclerc, Intermarché et Netto, Lidl, U, Casino, Franprix et Monoprix, Biocoop et Picard.
Site LaFranceAgricole - Actualités 08/04/2025