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PestiRiv : que retenir de l’étude sur l’exposition des riverains aux phytos ?

Les résultats de l’étude PestiRiv réalisée par l’Anses et Santé publique France, montrent sans surprise que l’exposition aux produits phytosanitaires des riverains en zones viticoles augmente avec la quantité de pesticides utilisés. Ils n’indiquent pas pour autant qu’il existe un risque.

L’Anses (Agence national de sécurité sanitaire) et Santé publique France ont présenté le lundi 15 septembre 2025, les très attendus résultats de l’étude nationale PestiRiv, sur l’exposition aux pesticides des riverains de zones viticoles. Il s’agit de la « première étude de grande ampleur réalisée à l’échelle nationale pour mesurer de manière objective ces expositions, en prenant la viticulture comme cas d’étude, a précisé Clémence Fillol, responsable de l’unité de surveillance des expositions à Santé publique France. Un choix qui s’explique par le fait que la vigne est une culture pérenne, souvent implantée à proximité immédiate des habitations, et qui reçoit un nombre important de traitements phytosanitaires. »

Limiter l’utilisation des phytos

Le principal résultat qui ressort de cette coûteuse étude (11 millions d’euros) est que « l’exposition augmente avec la quantité de pesticides utilisés, et lorsque la distance entre le logement et les vignes diminue ».

« En termes de recommandations, pour nous, il s’agit en priorité de limiter l’utilisation des produits phytopharmaceutiques au strict nécessaire par une mise en œuvre ambitieuse de la stratégie nationale Ecophyto 2030 dans le cadre de la directive européenne de l’utilisation durable des produits phytopharmaceutiques », a précisé Ohri Yamad, chef de l’unité de phytopharmacovigilance de l’Anses.

Il a également souligné qu’il fallait « informer les habitants avant traitements pour qu’ils puissent adapter leurs comportements et éviter les expositions les plus immédiates ». Et d’ajouter : « Ce qui nous a manqué pour réaliser cette étude, c’est de pouvoir accéder aux données réelles d’utilisation des produits. »

Extrapolation aux autres cultures

« Les résultats sont extrapolables à d’autres cultures car ils incluent également des substances non-exclusives de la vigne », a estimé Matthieu Schuler, directeur général délégué du pôle des sciences pour l’expertise de l’Anses. D’autant que d’autres études menées à l’étranger sur d’autres cultures concluent aux mêmes tendances que celles observées dans PestiRiv.

L’étude « constitue une base solide pour approfondir les connaissances sur l’exposition aux pesticides des populations vivant près des zones agricoles : pour approfondir l’analyse des données existantes, et notamment les liens avec les risques sanitaires », a-t-il souligné.

Benoit Vallet, directeur général de l’Anses, a précisé que les valeurs mesurées « sont retrouvées dans la littérature scientifique et dans la préparation des dossiers par rapport à des données de toxicologie qui permettent de penser que nous sommes dans les marges prévues par l’AMM (autorisation de mise sur le marché) ».

Besoin d’un suivi post-AMM

Benoit Vallet appuie : « C’est très important de distinguer aujourd’hui ce qui est de la pré-autorisation — et des données qui sont fournies par des dossiers réglementaires extrêmement fouillés —, des phénomènes d’exposition chronique post-AMM avec le lien qu’il peut y avoir avec des données épidémiologiques de santé. » Il estime que la prochaine étape sera de travailler sur les « vrais risques chroniques de ces produits ». En effet, ces produits sont encadrés, et protégés par les AMM de l’Anses, « mais nous n’avons pas d’informations suffisantes en utilisation réelle en post-AMM ».

Une étude menée en 2021-2022

L’étude PestiRiv a été menée en 2021-2022 par Santé publique France et l’Anses, sur 56 substances actives mesurées dans l’air extérieur, l’air et les poussières à l’intérieur des habitations, et dans l’urine et les cheveux des participants. Des données détaillées sur le logement et les habitudes de vie des participants ont aussi été prises en compte.
- Deux groupes ont été inclus : les adultes et les enfants vivants en zones viticoles, c’est-à-dire à moins de 500 mètres des vignes et à plus de 1 km d’autres cultures ; et d’autres adultes et enfants éloignés de toutes cultures, situées à plus de 5 km de vignes et de l km d’autres cultures. Ainsi, 1 946 adultes (de 18 à 79 ans) et 742 enfants (de 3 à 17 ans) ont participé à PestiRiv.

- Deux périodes ont également été étudiées : hors interventions d’octobre 2021 à février 2022 et durant les traitements de mars 2022 à août 2022. L’étude a été menée dans 265 sites dans six régions viticoles : Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie.

Site LaFranceAgricole - Actualités 15/09/2025

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