
L’intelligence artificielle est déjà dans les exploitations, sans faire de bruit


Publié le 18.07.2025
La notoriété de l’intelligence artificielle (IA) a connu un formidable coup d’accélérateur en novembre 2022 avec la mise à disposition gratuite du célèbre chatGPT, un outil dit d’IA générative qui permet de répondre à toutes sortes de questions. Mais elle n’est pas nouvelle en soi et vous vous en servez peut-être dans vos fermes, sans vous en rendre compte : les stations météo, les outils d’aide à la décision font par exemple appel à l’IA.
C’est ce qu’ont bien montré les intervenants lors d’une journée dévolue à ce sujet le 19 juin 2025 à Saint-Ouen-sur-Seine, au siège de La France Agricole et ce qu’a confirmé une enquête réalisée par ADquation auprès de 572 exploitations représentatives de la ferme France. Si 15 % disent recourir à des outils fondés sur l’IA, ils sont 76 % à affirmer ne pas en utiliser. Un dernier chiffre probablement surestimé pour les raisons évoquées ci-dessus.
Ils sont 42 % à avoir une image plutôt négative de l’IA et 19 % à n’avoir aucune confiance dans cette technologie, 69 % s’estimant prudents vis-à-vis d’elle.
Des solutions déjà disponibles
Parmi les avantages de l’IA perçus par les enquêtés : l’aide à la décision (42 %), le gain de temps/réduction des tâches répétitives (30/31 %), le respect des contraintes réglementaires (20 %). Les freins et préoccupations sont, entre autres, le coût des technologies (47 %) et la confidentialité des données (41 %), source d’inquiétude importante. 61 % pensent que l’IA va changer les pratiques agricoles dans les cinq prochaines années.
Des applications concrètes sont d’ores et déjà disponibles pour les agriculteurs. Lors des ateliers thématiques de l’après-midi, le constructeur français Dubrulle-Downs a présenté sa solution de tri optique des pommes de terre i-Crop Vision, une première mondiale qui utilise l’IA pour sélectionner les tubercules.
Victoria Potdevin, responsable du service Data Science et IA chez Adventiel, a pour sa part démontré comment l’analyse par l’IA des sons émis par les porcs ou encore le suivi des comportements des vaches en temps réel, peuvent en dire long sur leur santé et leur bien-être. La société travaille également sur une plateforme de télémédecine vétérinaire s’appuyant notamment sur des données de stéthoscopes connectés.
Le bon moment pour acheter ses engrais
Lors d’une table-ronde, Cédric Benoist, agriculteur et secrétaire général adjoint de l’AGPB (2), a expliqué comment il a commencé à utiliser l’IA sur son exploitation. ChatGPT l’a par exemple aidé à résoudre un problème de connectique GPS. « Je cale mes achats d’engrais à partir de conseils que j’ai trouvés via l’IA, plus des données géopolitiques », a-t-il également indiqué.
Contrairement à la vente des céréales par exemple, très volatiles, « il y a des règles assez immuables » pour l’achat des engrais, juge-t-il. « Il y aura toujours une part d’inconnu, mais cela nous aide quand même à avoir un tunnel de décision cohérent ».
(1) Auquel appartient La France Agricole. (2) Association générale des producteurs de blé.
Site LaFranceAgricole - Actualités 25/06/2025