


L'agrivoltaïsme fait son chemin comme solution contre le changement climatique
Publié le 13.03.2025
À l’heure où le changement climatique n’est plus à prouver, l’agrivoltaïsme s’ancre dans le paysage agricole avec un intérêt croissant pour cette technologie qui apparaît comme un levier de résilience. Le mot « agrivoltaïsme » a d’ailleurs fait son entrée dans le dictionnaire fin 2024. Mais comment ce nouvel outil est-il perçu par le monde agricole et les citoyens ? Quels en sont les bénéfices, les freins et les attentes ?
Pour y répondre, l’entreprise spécialisée dans les solutions agrivoltaïques Sun’Agri a dévoilé lors d’une conférence au Salon de l’agriculture, le 24 février 2025, les résultats de son premier baromètre. Ce dernier a été réalisé avec l’institut Ipsos auprès de 695 agriculteurs et 1 000 citoyens français représentatifs de la population.
Neuf agriculteurs sur dix impactés par le changement climatique
Sécheresse, pluviométrie importante, gel, canicule… Le dérèglement climatique touche 93 % des agriculteurs en France, impactant la qualité et les volumes de leurs récoltes. Pour deux agriculteurs sur trois, l’impact d’un aléa climatique signifie perdre plus de 20 % de la production, affectant la rentabilité des exploitations.
C’est donc sans surprise que la rentabilité des fermes s’affiche en tête des préoccupations des agriculteurs interrogés (75 %). Juste derrière apparaissent les aléas et risques climatiques et les problématiques d’accès à l’eau pour 52 % des agriculteurs. Les contraintes réglementaires préoccupent quant à elles 42 % des sondés. Des inquiétudes bien identifiées par les citoyens, avec les mêmes proportions concernant le changement climatique (52 %) et la rentabilité (75 %).
Parmi les enjeux prioritaires vis-à-vis du changement climatique, figure celui de l’eau. En effet, 42 % des agriculteurs sondés anticipent des problèmes d’accès à l’eau. Seul un tiers d’entre eux ne possèdent aucune solution de protection contre ces contraintes climatiques.
44 % des agriculteurs envisagent l’agrivoltaïsme
Alors que 76 % des agriculteurs considèrent le changement climatique comme un défi majeur, l’agrivoltaïsme figure dans le Top 3 des solutions de protection (15 %), derrière la sélection de variétés plus adaptées (39 %) et les solutions d’irrigation (25 %). Le dérèglement climatique est une inquiétude encore plus forte chez le grand public avec 88 % des Français interrogés qui le considèrent comme une menace pour l’agriculture.
Pour lutter contre le changement climatique, l’idée de protéger ses cultures s’impose. Plus de la moitié des agriculteurs se déclarent prêts à s’équiper de solutions de protection, majoritairement des arboriculteurs et maraîchers (58 %), ainsi que les viticulteurs (53 %).
Confronté également à un système assurantiel complexe, le monde agricole veut retrouver de la résilience. L’agrivoltaïsme est donc envisagé par 44 % des agriculteurs. Aujourd’hui, près d’un quart des agriculteurs se dit engagé dans un projet agrivoltaïque : 25 % sont céréaliers et éleveurs, 21 % arboriculteurs et maraîchers et 14 % viticulteurs.
Les principaux bénéfices attendus de l’agrivoltaïsme sont un complément de revenus (56 %), une amélioration de la production agricole (49 %) et l’autoconsommation de l’énergie produite (43 %).
Un outil qui bénéficie d’une bonne image
L’image positive de l’agrivoltaïsme progresse. 64 % des agriculteurs interrogés voient l’agrivoltaïsme comme une opportunité pour la profession et 44 % estiment qu’il serait pertinent d’installer une telle solution dans leur exploitation. Par ailleurs, plus de la moitié d’entre eux ont confiance en la fiabilité des technologies agrivoltaïques déployées sur les parcelles.
Parmi les principales craintes soulevées par les agriculteurs, la moitié d’entre eux s’inquiète de l’impact paysager négatif et 44 % de l’augmentation des terres artificialisées. Viennent ensuite l’inflation et la spéculation foncière (42 %) et l’apparition de faux projets agricoles (41 %).
Quant à son acceptabilité, 61 % des Français sondés auraient une réaction positive si un projet agrivoltaïque voyait le jour dans leur commune ou dans une commune voisine. Cependant, alors que 6 % des citoyens auraient une réaction négative face à un projet agrivoltaïque, les agriculteurs redoutent « l’agri-bashing » et se montrent prudents. 17 % seulement attendent des réactions positives des riverains.
Si deux tiers des agriculteurs considèrent être bien informés sur le sujet, un travail de pédagogie reste à mener auprès du grand public puisque seulement un Français sur cinq déclare connaître ce qu’est l’agrivoltaïsme.
De plus, ses bénéfices concrets sont encore méconnus. Moins de la moitié des agriculteurs enquêtés estiment savoir que l’agrivoltaïsme permet de réduire les besoins en eau des cultures. Seulement 39 % déclarent savoir que l’agrivoltaïsme peut permettre d’augmenter les rendements et seuls 29 % sont au courant qu’un projet qui diminue les revenus agricoles est illégal.
Les résultats de ce baromètre montrent ainsi la montée en puissance de l’agrivoltaïsme en France, dont l’objectif est d’environ 50 000 hectares à l’horizon 2050. Toutefois, l’agrivoltaïsme ne peut se résumer à une production d’électricité sur une parcelle, selon Sun’Agri. Pour le spécialiste, il s’agit avant tout d’un projet agricole qui doit être raisonné pour éviter les dérives et l’émergence de projets dits « alibis ».
Site LaFranceAgricole - Actualités 03/03/2025