
L’agriculture biologique tend à se marginaliser, selon une étude


Publié le 04.09.2025
Le ministère de l’Agriculture a publié une étude sur l’agriculture biologique à l’horizon 2040. Cette dernière, réalisée par les bureaux d’études Ceresco et Crédoc, était inscrite dans le programme ambition bio. Son objectif ? Anticiper la situation des filières, indique le ministère de l’Agriculture.
Quatre scénarios ont été élaborés. Ces derniers « ne prétendent pas décrire à l’avance la réalité, précisent toutefois les deux bureaux d’études. Ils ont été construits pour éclairer les décideurs ».
Une bio intermittente
Dans le premier scénario élaboré par les bureaux d’études, la croissance économique reste l’enjeu politique majeur jusqu’en 2030. La production bio ne concerne plus qu’une clientèle aisée.
À partir de 2030, les aléas climatiques se multiplient et les difficultés d’accès aux ressources déstabilisent les marchés. L’agriculture conventionnelle, fortement utilisatrice d’intrants, se retrouve déstabilisée. Au contraire, l’agriculture biologique se développe. Certains la pratique sous forme intermittente et sans label.
En 2040, le label biologique européen et les politiques de soutien nationales n’existent plus. De nouveaux cahiers des charges locaux, éventuellement plus souples que le cahier des charges actuel, voient le jour.
La concurrence d’une « troisième voie »
Dans leur deuxième scénario, le Crédoc et Ceresco imaginent la création d’une « troisième voie » portée par les acteurs privés de l’agroalimentaire et de l’agriculture, aux pratiques agricoles moins disantes que celles du label AB. La part de marché des produits issus de la « troisième voie » augmente rapidement tandis que la crise du marché bio se poursuit.
À l’horizon 2040, les produits bio représentent moins de 3 % des dépenses alimentaires des ménages. Le nombre de producteurs chute et les déconversions deviennent de plus en plus nombreuses. Seules certaines filières bio tirent leur épingle du jeu. Il s’agit de productions dédiées à l’export, où la « troisième voie » n’a pas percé.
Un cahier des charges assouplit
Dans le troisième scénario, la multiplication des évènements climatiques conduit à une forte mobilisation de la société. La transition vers la bio s’accélère alors qu’un nouveau Green Deal (Pacte vert) exige la sortie des produits phytosanitaires en 2040. Le cahier des charges bio s’assouplit ce qui permet de multiplier les conversions.
À partir de 2032, la bio connaît un nouvel essor grâce à une consommation solide, à la structuration des infrastructures de collecte et de transformation, ainsi qu’un meilleur suivi de la dynamique de vente.
En 2040, la bio est en croissance et atteint 30 % des parts de marché du secteur alimentaire français.
Manque de moyens sur la transition
Dans leur dernier scénario, les bureaux d’études supposent que la bio est devenue la norme de la production agricole. La conditionnalité des aides de la Pac est renforcée. Le levier du foncier est également mobilisé pour favoriser les pratiques favorables à l’environnement. Une taxe est mise en place sur les produits ayant un impact négatif sur la santé et l’environnement.
En 2040, l’augmentation des volumes produits en agriculture biologique permet de réaliser des économies d’échelle. Bien qu’en diminution, l’agriculture conventionnelle reste majoritaire. Les moyens budgétaires alloués à la transition ne suffisent pas.
Développer la consommation aujourd'hui
« Une possible marginalisation de l’AB » se pose, conclut l’étude du ministère mais des solutions existent pour stimuler le secteur bio.
À court terme, les rapporteurs conseillent de maintenir une offre suffisante pour l’ensemble des consommateurs, dans le commerce et dans la restauration. La question du prix et de l’image du label reste primordiale. « Les arguments liés à la santé devraient également continuer à jouer en faveur du développement de la consommation de produits biologiques », écrivent-ils.
À plus long terme, des outils d’incitation économiques (taxe, soutien financier) et une meilleure compréhension des impacts environnementaux de l’agriculture devraient faciliter le développement du bio.
Site LaFranceAgricole - Actualités 18/08/2025