Accéder au contenu principal

Donation déguisée en vente : régime fiscal en cas d'abus de droit

La requalification d'une vente à un prix minoré en donation déguisée avec charge donne lieu à taxation aux droits de donation à hauteur de la valeur vénale donnée, majorés de 80 %.

Une donation peut être réalisée sous couvert d'une opération à titre onéreux, et le plus souvent cette qualification de donation déguisée se retrouve dans des ventes consenties moyennant rente viagère lorsqu'existe un lien de parenté ou d'affection entre le vendeur et l'acquéreur et que le paiement de la rente n'est pas établi. On retrouve plus rarement cette notion dans le cas d'une vente consentie moyennant un prix en capital, et on relève ainsi que la jurisprudence refuse parfois d'annuler une vente consentie moyennant un prix dérisoire au motif que l'acte déguise en fait une donation (Cass. 1re civ., 29 mai 1980 : D. 1981, p. 273).

La difficulté apparaît parfois sur le terrain de la fiscalité. Une personne avait ainsi cédé pour un prix de 1 190 000 € la nue-propriété d'un ensemble immobilier à une SCI dont elle détenait une part sur mille. L'administration avait notifié à la cédante et à la cessionnaire une proposition de rectification mettant en œuvre la procédure de l'abus de droit fiscal au motif que le prix de cession était inférieur de 55 % à la valeur réelle du bien cédé en nue-propriété.

Les contribuables ayant saisi le comité de l'abus de droit fiscal, celui-ci devait donner un avis favorable à l'administration en se fondant essentiellement sur la sous-évaluation du bien cédé mais en retenant également le fait que l'associé majoritaire de la SCI était le fils de la cédante laquelle était âgée de 80 ans, et aussi la circonstance qu'elle avait un peu plus tôt donné à son fils un terrain adjacent à l'immeuble litigieux. 

Le comité de l'abus de droit fiscal ne rend qu'un avis mais s'il est favorable à l'administration la charge de la preuve incombe au contribuable s'il saisit la juridiction de l'ordre judiciaire. Les contribuables courent donc un risque important de voir la cession taxée comme une donation avec charge au profit d'une SCI, la charge étant constituée par le prix stipulé et ce, au taux le plus élevé (60 %), majoré de surcroît de la pénalité pour abus de droit de 80 %.

On voit donc qu'à trop chercher des solutions douteuses permettant de diminuer une imposition, on s'expose à une surimposition par rapport à celle qui aurait pu résulter d'une donation consentie directement au descendant pour une valeur correspondant à la valeur vénale du bien.

Avis CADF/AC n° 2/2024, aff. n°s 2024-12 et 2024-13, 26 sept. 2024

Site EditionsLégislatives 21/01/2025

Ces contenus peuvent vous intéresser

DOETH : les effectifs OETH sont disponibles !

Une actualité est publiée sur Net-entreprises.
En savoir plus

Ce qui change pour l'aide à l'apprentissage en 2025

Les petites entreprises bénéficieront toujours d'une aide pour recruter des apprentis, mais réduite à 5 000 € et uniquement la première année.
En savoir plus

Modification du décompte de l'effectif dans le cadre des groupements d'employeurs

La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024 du 26 décembre 2023 avait prévu que les salariés mis à la disposition, en tout ou partie, d'un ou de plusieurs...
En savoir plus

Les taux AT-MP 2025 devraient entrer en vigueur au 1er mai 2025 (rappel - précisions)

Les taux AT-MP 2025 n'entreront en vigueur qu'au 1er mai 2025, les taux 2024 étant maintenus jusqu'au 30 avril 2024, annoncent des communiqués de l'Assurance maladie...
En savoir plus