


Des métaux lourds dans environ 15 % des terres cultivables dans le monde
Publié le 24.04.2025
Une étude, publiée dans la revue Science le 17 avril 2025, propose une vue d’ensemble inédite du phénomène de contamination aux métaux lourds, grâce à une méta analyse de plus de 796 000 échantillons de sol issus d’études précédentes et l’intervention d’algorithmes.
Répartition globale des dépassements d'arsenic, de cadmium, de cobalt, de chrome, de cuivre, de nickel et de plomb ; le code couleur indique la probabilité maximale de dépassement parmi les sept métaux.
À partir de l’analyse d’échantillons et à l’aide d’outils d’intelligence artificielle (IA), les chercheurs ont évalué qu’à l’échelle de la planète, entre 14 et 17 % des terres agricoles étaient contaminées par au moins un métal et estimé qu’entre 900 millions et 1,4 milliard de personnes vivaient dans des zones à haut risque. Les auteurs de l’étude ont en particulier identifié un « corridor », zone « à haut risque » allant du l’Europe du Sud à l’Asie du Sud, en passant par le Moyen Orient (voir la carte ci-dessus). La France est assez peu concernée en comparaison au reste du monde.
Zoom sur l'Europe de la répartition globale des dépassements d'arsenic, de cadmium, de cobalt, de chrome, de cuivre, de nickel et de plomb ; le code couleur indique la probabilité maximale de dépassement parmi les sept métaux.
Sept métaux recherchés
Après s’être assurés de la fiabilité des données étudiées et de leur représentativité - les échantillons issus d’études portant spécifiquement sur des sites contaminés ayant par exemple été exclus – les scientifiques ont cherché à mettre en évidence les régions du monde les plus touchées.
Pour cela, cette équipe dirigée par Deyi Hou, spécialiste en sciences environnementales à l’université chinoise Tsinghua, s’est intéressée aux zones dans lesquelles les teneurs en au moins un métal - sur sept recherchés dont l’arsenic et le cadmium - étaient supérieures aux seuils recommandés pour l’exploitation agricole et la santé humaine. Les métaux sont en effet toxiques à des doses variables pour l’homme, la faune et la flore, et peuvent contaminer divers écosystèmes via les chaînes alimentaires et l’eau.
Origines naturelles ou anthropiques
La contamination peut être d’origine naturelle, dont géologique -les métaux étant naturellement présents dans les roches à des concentrations variées -, et/ou liée à l’activité humaine, comme des rejets de l’industrie, de l’agriculture ou encore l’exploitation minière.
En raison d’un manque de données dans plusieurs zones, notamment en Afrique, les résultats de cette étude sont toutefois « insuffisants » pour permettre la mise en place de programmes ciblés d’atténuation des risques, préviennent les auteurs, mais doivent plutôt « servir d’alerte pour décideurs politiques et les agriculteurs ».
Selon Wakene Negassa, chimiste spécialisé en analyse des sols au James Hutton Institute (Écosse), « l’étendue réelle de la pollution mondiale des sols » pourrait par ailleurs « dépasser de loin ce qui est présenté par les auteurs, en raison de la disponibilité limitée des données et d’une sous-estimation probable ».
Site LaFranceAgricole - Actualités 22/04/2025